Un jour, le chat...
Souvent, Lillie s'est moquée des amis qui possédaient un chat. Ils parlaient de leur animal comme d'une personne, narraient leurs aventures avec un suspense "palpitant", s'inquiétaient de faire garder la bestiole par des personnes de confiance, bref, ils ressemblaient à des parents poule gaga de leur chat, un ridicule décoiffant que Lillie ne cessait de soulever.
Mais aujourd'hui, Lillie dit "mea culpa". Parce que depuis plus de 8mois, Gustave a fait sa grande entrée dans la maison des Lutins.
Et mine de rien, petit à petit, Lillie s'est mise à raconter les dernières frasques de cet animal. Ses insomnies parce que ce con gratte le miroir, ses colères parce qu'il broute ses pinceaux, et ses coups de coeur parce que ce con, il est tellement mignoooon !
Seulement voilà, Gustave est aussi beau qu'il est bête. Et si la maîtresse a la poisse, harcelée par de vils lutins, son chat n'est pas en reste !
S'il y a une connerie à faire, croyez bien qu'il sera le premier à se jeter dans le feu de l'action. Déraper sur le parquet, pourquoi pas. Mais ne pas savoir freiner et s'incruster dans le meuble de la salle à manger, du grand Gustave.
Bien qu'il soit d'un blanc immaculé, les Lutins le rendent un peu chat noir...
Mais à la base, il est déjà très doué. Et vicieux. S'il dort toute la journée, cette sale bête se transforme en rat machiavélique dès 3h du matin. Le saligot a compris une chose : des griffes sur un miroir, c'est insupportable. Alors quand le manque d'attention se fait insupportable, monsieur fait les siennes sur le miroir de la penderie. Et s'enfuit dès lors que sous la couette, ça remue et ça grogne. Oreilles rabattues, il fonce se planquer, pour revenir s'il n'a pas obtenu l'effet escompté. En mission commando, il rampe, lentement mais sûrement, le cul en bombe et la truffe collée à la moquette, pour mieux prendre son élan, bondir et se laisser glisser toutes griffes dehors contre la vitre.
C'est là que Gustave prend le relai sur les Lutins. Parce que Lillie, si agréablement réveillée, se lève, enragée (à 3h, elle n'aime personne, elle dort !), l'oreiller à la main.
"- Putain de toi ! Je vais te flinguer, connard ! souffle-t-elle d'une voix douce d'ogre (à l'heure actuelle, Gustave est persuadé de s'appeler "connard").
D'un pas alerte, elle traverse la chambre, et lance l'oreiller. Mais Gustave lui, est parfaitement attentif. Il plonge, évite le "missile", dérape et s'enfuit. Tandis que le pouce de Lillie recontre le mur avec ardeur et conviction.
"- Putain, mais c'est pas vrai, cette bestiole !! Il est de mèche, c'est pas possible autrement !
Lillie jaillit dans la salle à manger où Gustave est tapi au fond de sa boîte. Il la fixe avec dans le regard à la fois une sournoise moquerie et une légère pitié. Malgré ça, ce con trouve le moyen d'être à croquer. Mais à 3h du mat', ce petit détail laisse sa maîtresse de marbre. Le pouce rouge pivoine dans la bouche, l'index de la main gauche rivé sur le chat, elle le menace :
- Encore un coup de ce genre, et tu finis à la SPA, mon pote ! Et je te promets que je te pique moi-même, vu ?!"
Et de repartir se coucher, les yeux tout collés.
Inutile de préciser que pendant l'épique poursuite, l'Homme, lui, ronfle hardimment.
Quelques minutes plus tard, sûrement fatigué par tant de fougue, Gustave dort du sommeil du juste, lové sur le dos de sa maîtresse...
